La question orale:
Ma réaction :
Lettre
ouverte
Monsieur
le Député,
J'aurais
pu être heureux de savoir que vous aviez posé une question
parlementaire sur l'avenir des CPAS ce qui eut pu vouloir dire que
l'avenir du social vous importait.
Qu'en
cette période de haute incertitude voisine de la tempête hivernale,
vous alliez proposer des voies et moyens pour empêcher la
catastrophe qui nous guette. Et qu'en aucun cas, il n'y avait dans
votre démarche une volonté « impérialiste » que
manifestent parfois certains municipalistes communaux, vis-à-vis du
vilain méchant et autonome CPAS. Et que ne traduit bien entendu
nullement votre empressement...
J'aurais
dû me méfier... En effet, en ces temps où l'esprit comptable prend
le pas sur toute autre forme d'analyse et de raison, un homme
affichant au compteur mon âge canonique aurait dû craindre,
redouter, que ce fut à nouveau l'irrésistible boulier compteur qui
portât votre raisonnement...
J'eus
d'abord un coup au cœur. Ciel bien entendu : selon vous il faut
RESTRUCTURER ces choses informes que sont les CPAS. Je suppose,
Monsieur le Député, que le CPAS de votre commune est à ce point
éloigné de votre très structuré hôtel communal que vous n'avez
jamais pu vous y rendre, y suivre les débats et observer ses
activités, ce qui sans doute aurait pu vous permettre de voir que
les CPAS sont des institutions très structurées et n'ont nul besoin
de grande sœur pour ce faire. A l'occasion et sur simple demande, je
peux vous organiser une visite des CPAS de Charleroi, Perwez, Wavre,
Namur ou Liège, et vous pourrez ainsi comparer.
Vous
me faites dans votre intervention au Parlement wallon l'honneur de
dire mes propos mesurés. La mesure est en général une des rares
qualités que je me reconnais moi-même. Mais cette modération, vous
l'avez lue comme allant dans le sens de vos propos.
Ce
n'est bien entendu pas le cas.
En
effet, si je reconnais que des choses allant dans le sens d'une plus
grande synergie entre nos institutions peuvent et doivent être
faites, ce n'est pas dans l'unique optique d'un mouvement
hégémonique, mais dans celui de la meilleure utilisation des moyens
AU SERVICE DES DEUX INSTITUTIONS. Il ne peut y avoir selon moi de
salut, et d'ailleurs également selon la Fédération des CPAS, de
bonne solution, hors maintien des spécificités propres aux CPAS.
En
effet, et c'est de la saine logique communale, si celle-ci est le
lieu d'un affrontement idéologique plus ou moins grand entre
majorité et opposition, le CPAS lui est le lieu de la recherche du
consensus en faveur du bénéficiaire, mais aussi de l'intérêt
collectif. C'est notre logique propre de proportionnalité des
instances qui induit cela. Et c'est parfait ainsi.
Donnez
aux choses quelques années et, si les deux institutions sont
fusionnées, la logique qui correspond aux communes s'introduira
comme par miracle au sein de ce que vous aurez créé pour remplacer
le Conseil de l'Action Sociale. Et cela ne pourra que nuire fortement
à l'action sociale et à l'intérêt de ceux qui sont forcés d'en
dépendre. Dans cette même optique d'ailleurs, pour conserver
l'efficacité déstructurée qui nous caractérise, il faut à mes
yeux une double ligne hiérarchique sur les services fusionnés et
ce, entre autres choses, vu les spécificités des métiers (pensons
par exemple aux MR/MRS).
Je
terminerai mon propos, pour aujourd'hui en tous les cas, par vous
demander si vous comptez vous battre pour changer dès lors les
règles de financement de l'aide sociale – attention :
vous y serez contraint puisque ce seront les services de votre
commune qui porteraient le poids de l'aide sociale et l'accusation
infâme d'assistanat clientéliste.
Si
vous comptez donc réclamer un financement à 100 % des
dépenses, auxquelles vous contraindront les lois qui vous imposent
de donner l'aide à celles et ceux qui sont dans les conditions pour
la recevoir. Comme elles nous y contraignent aujourd'hui(à juste
titre... sauf pour nos finances).
Sans
doute la fusion entraînerait-elle alors le miracle si longtemps
imploré par les CPAS : celui de l'équité.
En
vous remerciant de m'avoir indirectement permis de préciser ces
éléments.
Claude
Emonts
Président
de la Fédération des CPAS
Copie
de ce courrier est adressée :
- au Ministre des Pouvoirs locaux et de la Ville, Paul Furlan,
- au Ministre de l’Action sociale et de la Santé, Maxime Prévot,
- aux Chefs de Groupes du Parlement wallon,
- à la Commission de l’Action sociale et de la Santé du Parlement wallon,
- à la Commission des Pouvoirs locaux du Parlement wallon.