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A force de trop parler de crise, d'équilibre budgétaire et d'économies, on risque d'oublier les valeurs qui sous-tendent, tant nos ayants droits, que nos travailleurs ou nos décideurs politiques. Bref ne met-on pas en péril tout notre modèle de société? Mais c'est peut-être le but de certains.

mercredi 2 mai 2012

Colère

Colère

(1er mai 2012)


Je lis ce matin dans la presse, avec consternation, une ènième attaque d’un homme politique contre ce qu’il appelle, ainsi qu’une bonne partie des droites, « l’assistanat ».
Président de la Fédération des CPAS de Wallonie et du CPAS de Liège, je suis bien placé pour comprendre de quoi il parle.
Je n’ai pas l’honneur de connaître personnellement Charles MICHEL et j’ignore s’il fait partie de ces dirigeants qui croient que chaque habitant de ce plat pays vit dans une maison avec piscine et possède des chevaux pour les promenades du week-end.
Mais ce que je sais, c’est que ses paroles sont graves et blessantes, car elles démontrent, au mieux, une non connaissance de la réalité et je n’ose imaginer le pire, soit qu’il s’agisse du mépris de celle-ci.
Vivant dans une région où le taux de chômage est élevé et où l’aide sociale atteint hélas des chiffres imposants, je me demande si Monsieur MICHEL est déjà venu voir dans un CPAS tel que le nôtre de quoi il retourne…
Car que verrait-il ce brave président ?  Des cohortes de maudits se pressant aux guichets pour recevoir une aide, fut-elle si petite qu’elle suffirait à peine pour un repas du dimanche de certaines familles…  Une aide médicale, un logement, un conseil et parfois simplement un espoir…
Il y verrait des travailleurs affairés à trouver des solutions avec des bouts de ficelles parfois, dans un contexte financier lui toujours plus difficile.  Il y verrait des deux côtés du miroir le même désenchantement devant des solutions inexistantes ou si difficiles à trouver qu’elles ressemblent bien souvent à la pierre philosophale.
Ah qu’il est facile de parler d’ « assistanat » depuis son fauteuil de cuir et son bureau feutré, quand on n’a pas vu tous ces gens se presser, les larmes aux yeux parfois, pour quémander qui un emploi,  qui un logement introuvable ou trop cher,  qui une aide médicale ou sociale, qui une régularisation...
Qu’il est simple de dénoncer quand on n’a pas vu au quotidien les ravages de la santé mentale non prise en charge… Qu’il est facile de dénoncer « l’assistanat », quand ce n’est pas le clientélisme politique de ceux qui s’occupent au quotidien de la misère… nous les socialistes, entres autres, bien entendu
Quelle honte de ne pas mettre en rapport avec cette critique les licenciements abusifs et les salaires au ras du sol, trop élevés dit le même si souvent, quand il repose le « Financial Times »…
Oh qu’il est simple d’avoir un œil sur le Bel 20 et l’autre sur les sondages en ignorant les cris de ceux qui ne trouvent pas ce qu’ils cherchent…
Mais est-ce à dire que mon discours induit qu’il n’y a pas parmi ceux qui bénéficient de l’aide de la collectivité des tricheurs, des profiteurs qui se vautrent dans l’aide sociale ou profitent des failles pour travailler « au noir » ?
Bien sûr que non ! Certes, il y a des tricheurs et des profiteurs même s’ils sont loin de former la majorité des « bénéficiaires » de l’aide sociale.  Comme il y a des tricheurs qui fraudent le fisc ou qui planquent leur pognon à ‘étranger.  Et dans les deux cas, il faut combattre ces déviances sans arrière-pensée et les sanctionner à la hauteur de la faute, car celle-ci met en péril la qualité de notre système social via les politiques proposées par ceux qui comme vous le remettent en cause !
Mais cela ne vous autorise pas Monsieur Michel, ni vos pairs, à mépriser toute cette misère que nous voyons s’étaler sous nos yeux.  Nous souhaiterions que vous nous disiez où sont les emplois que peuvent occuper tous ceux qui, après parfois des années d’attente, reçoivent la chance d’un contrat d’insertion via leur CPAS, lorsque ce contrat terminé, ils se tournent vers nous pour continuer à nourrir leur cerveau d’espoir et leur famille de moyens…
Mais où sont donc ces plans de réinsertion, Monsieur Michel, de quels budgets parlez-vous donc pour améliorer la situation sur le plan de l’emploi introuvable ? Quelles mesures suggérez-vous pour faire en sorte que ces affreux « assitanciels » que sont les travailleurs du social puissent véritablement intégrer ?
Qui, au demeurant a d’abord dénoncé les pièges à l’emploi ? 
Nous, Monsieur Michel, nous les CPAS souteneurs d’assistanat ! ! !
Et nous les avons dénoncés parce qu’ils nous empêchent de mener à bien la digne mission d’être non seulement le dernier filet de protection dont nous pouvons nous enorgueillir, mais d’être enfin, le trampoline vers la dignité.
J’ai une immense colère en moi aussi, mais pas celle de la droite extrême que vos propos ravissent, mais la colère des pauvres, des sans grades qui voudraient tellement participer à vos belles fins de mois et la colère de tous ces travailleurs du social ou du médical qui mesurent à quel point vos propos sont injustes, réducteurs, mais aussi menaçants…


Claude EMONTS.

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