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A force de trop parler de crise, d'équilibre budgétaire et d'économies, on risque d'oublier les valeurs qui sous-tendent, tant nos ayants droits, que nos travailleurs ou nos décideurs politiques. Bref ne met-on pas en péril tout notre modèle de société? Mais c'est peut-être le but de certains.

mercredi 10 octobre 2012

Démagogie quand tu nous tiens et que tu laisses pointer le museau des intentions inavouées...

 Ainsi donc un conseiller communal MR à Liège , ex-conseiller au CPAS de Liège, veut une réforme profonde des CPAS et se fend à ce propos d’un long communiqué[1]. Assez logiquement dès lors,  ce texte affirme le besoin de « réformer profondément les CPAS ».
Normal direz-vous, pour un « réformateur… et j’aurais pu être d’accord, si je n’avais constaté d’ahurissantes assertions.
Mais lisons donc ses propos : « certains   profiteraient de la campagne électorale pour – encore et toujours – réclamer un refinancement fédéral des CPAS », alors que d’autres blablabla, on connaît la ritournelle des gentils et des méchants……
Si l’on en croit alors notre conseiller novateur, le cri unanime des CPAS ne serait qu’un prétexte sans fondement. Il ne voit, d’ailleurs semble-t-il, aucun lien entre ce cri, presque désespéré de sous-financement chronique, et la présence d’une certaine droite qu’il connaît bien à des postes clefs du gouvernement fédéral…
Aucun rapport , en conséquence,  entre les financements incomplets  que ce même conseiller dénonçait pourtant depuis les bancs du conseil, et les difficultés des CPAS à faire plus et mieux.  Ni d’ailleurs avec les nombreuses missions transférées vers les CPAS sans les moyens adéquats.
Cette affirmation assénée, ledit conseiller MR passe à quelques considérations bien senties et qui ne gênent personne (« le pauvre qui n’a pas l’énergie et qui est laissé à lui-même », « le (soi-disant) manque d’accompagnement du demandeur d’aide »), et ce pour en arriver subrepticement à la substance de sa parole réactionnaire…
Passons ici encore sur l’amnésie soudaine de l’ancien conseiller de CPAS (en campagne électorale, rappelons-le quand même) et expliquons : les CPAS d’aujourd’hui font un vaste travail de réinsertion professionnelle, sans les moyens suffisants (on le dit mezza voce pour ne pas le heurter) et remettent au travail dans la dignité des quantités de travailleurs via deux mesures certes imparfaites, mais qui ont le mérité d’exister, l’Art 60&7 et l’Art 61… Ainsi, à Liège, rien qu'avec la mesure « Art.60 », ce sont quelque 500 personnes qui sont remises à l'emploi chaque année. Nous les côtoyons d'ailleurs au quotidien ces balayeurs, jardiniers, techniciennes de surface ou autres travailleurs, et je salue, ici, leur courage tout en dénonçant le fait que les budgets ne suffisent pas pour en faire davantage.
Face à cela,  notre ami propose… le bénévolat « rémunéré ». 
Mais bon sang, la voilà la solution. 
La liberté passe donc par le travail volontaire rémunéré. Une sorte de travail gratuit ou presque. Mettons dès lors à disposition des patrons et des ASBL des travailleurs bénévoles (mais priés de l’être ?) et libérons tous ces budgets détournés des vraies destinations, qui pourraient être – mais là, je provoque- : la valorisation du salaire des patrons par exemple….
Ah qu’il est simple, Monsieur le conseiller, de se limiter à dire : d’un côté il y a des « êtres humains dans l’oisiveté complète » (sic) et de l’autre des associations qui ont besoin de ressources humaines.  Puis, hop, d’un coup de baguette magique et sans financement complémentaire annoncé, mettre tout ce petit monde en mouvement pour qu’il n’y aie plus d’oisifs  ni d’associations en difficulté.
Vous n’êtes plus loin de transformer l’eau en vin. Bravo !
Mais au contraire  je le répète : pour ma part le travail  bénévole  NE PEUT ETRE QUE LE RESULTAT D’UNE DEMARCHE VOLONTAIRE DE LA PERSONNE.  Il ne peut en aucun cas remplacer la solidarité collective que constituent les aides sociales… Car, et le conseiller le dit  presque ouvertement, ce sont les chômeurs qui sont visés derrière la logorrhée sur le CPAS.  Nous voyons ici en fait une tentative populiste pur jus se déployer en pleine campagne électorale,  qui se révèle en fait être un début d’attaque contre notre système social.
Vieux rêve droitier s’il en est, sans doute stimulé par les discours à la Romney…
Car relisons bien le propos : « Il n’est pas impensable ou irrespectueux de demander aux bénéficiaires d’une aide de la solidarité nationale de donner un peu de leur temps à l’autre via une association ou un pouvoir public » et « ce projet optimiste et volontariste pourrait être étendu aux bénéficiaires d’autres interventions de notre sécurité sociale ».  Applaudissement du badaud, jusqu’au moment où il se trouvera dans la situation, lui ou un des siens ; et n’aura plus comme solution qu’à glaner son euro de récompense.
Mais au-delà, c'est surtout faire fi des obligations contenues depuis 2002 d'ailleurs, dans la Loi sur l'intégration sociale, qui rend obligatoire la définition d'un projet d'intégration sociale, d’un suivi, et/ou surtout, d’une disposition « à travailler » pour pouvoir bénéficier de l'aide. Ne pas relever cet aspect fondamental du dispositif d'aide (et donc de l'équilibre droits et devoirs) est non seulement de la désinformation, mais également une injure profonde au travail réalisé quotidiennement par l'ensemble des personnes qui oeuvrent  dans les  CPAS.
Vieux retour aux fantasmes d’un autre temps, rêves nouveaux…

J’en appelle pour ma part à tous les gens de progrès à bien réfléchir au propos et comprendre qu’en fait, incidemment, se construit là le discours de la nouvelle droite.
Claude EMONTS.


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