Bienvenue sur mon blog !

Au quotidien, je vous ferai part de mes réactions, de mes actualités, de mes photos, ...
A force de trop parler de crise, d'équilibre budgétaire et d'économies, on risque d'oublier les valeurs qui sous-tendent, tant nos ayants droits, que nos travailleurs ou nos décideurs politiques. Bref ne met-on pas en péril tout notre modèle de société? Mais c'est peut-être le but de certains.

mercredi 11 décembre 2013

Les CPAS veulent un Plan Marshall 3.Social

(Article publié dans la revue Politique le 11.12.2013 : http://politique.eu.org/spip.php?article2892 )


Le précédent Gouvernement avait adopté un Plan Marshall pour « sauver la Wallonie » de la crise économique et financière qui se répandait rapidement et qui minait la prospérité économique de toute la Région. L’actuel Gouvernement, après évaluation du Plan Marshall, a proposé un Plan Marshall 2.Vert (doté de 2,75 milliards d’euros pour la période de la législature).

Cet ambitieux Plan a certainement eu des effets très positifs sur notre économie et, à ce titre, nous le saluons à sa juste mesure. Mais nous voici à l’heure des évaluations et nous constatons qu’il manque cruellement un pan social au Plan Marshall actuel car en quatre ans, il faut bien se rendre compte que les choses ont changé et que le monde social est de plus en plus en difficulté. Le Plan Marshall a mis son focus sur l’économique et l’a teinté d’une perspective « durable » mais n’a rien fait (ou si peu) pour le social.
 
Il manque cruellement un pan social au Plan Marshall actuel car en quatre ans, il faut bien se rendre compte que les choses ont changé et que le monde social est de plus en plus en difficulté.

Nous pensons que les CPAS représentent, dans notre Région, en quelque sorte un thermomètre social. Outre l’aspect quantitatif (très important mais il y a pour cela des instruments de mesure statistiques qui témoignent d’un appauvrissement important de la société), ils mesurent assez justement et qualitativement le niveau de pauvreté et de misère sociale qui s’installe assez rapidement dans notre société, quelque fois de manière peu visible (on voit relativement peu les travailleurs pauvres, lesquels sont pourtant de plus en plus nombreux) et quelque fois de manière émotionnelle (on le voit avec les flashs spéciaux consacrés par les médias à la pauvreté visible, telle celle des sans domicile en période hivernale).

Certes, les CPAS ne sont pas les seuls instruments de mesure du délitement et de la « désolidarisation » dans notre société à tout niveau : les syndicats, les mutuelles, les associations, les institutions sociales, etc. peuvent également apporter de précieuses informations sur la situation sociale de la Wallonie. Cependant, pour le présent article, nous concentrerons notre regard sur les exemples vécus par les CPAS et leur public. Et force est de constater qu’ils sont plutôt malmenés. Nous pensons pouvoir dire que notre société va mal, et de plus en plus mal.

Régulièrement, nous entendons certains mandataires politiques dire leur satisfaction de voir les chiffres du chômage baisser très légèrement. Il est vrai que l’on constate une espèce d’abracadabra dans les statistiques : certains chômeurs étaient là. Ils n’y sont plus. C’est vrai, mais ils sont ailleurs et, pour bon nombre d’entre eux, ils sont dans les rangs des CPAS, sans qu’on ne cite ces chiffres. On a dès lors une vision tronquée de la réalité. Ainsi, pour reprendre l’évolution du public des CPAS, on constate que celui-ci a très fortement augmenté en 10 ans, passant de 41 000 personnes et 2002 à 54 000 personnes en 2012 (il y en avait 25 000 en 1990).

C’est une croissance qui englobe tout public mais nous constatons que le public des plus jeunes prend une proportion très inquiétante puisque en 10 ans, nous sommes passés de 25 % du public de moins de 25 ans à 33 % aujourd’hui. C’est d’autant plus inquiétant que le ministre de l’époque, Monsieur Johan Vande Lanotte, a mis en place des mesures pour prendre en charge ce public jeune. Certains parlent alors de « génération sacrifiée » or, cette population jeune sacrifiée, c’est bien là l’image de l’avenir de notre société. Nous pensons qu’il n’est pas admissible de ne pas réagir à ces chiffres dramatiques.

De plus en plus de demandes d’aide, et pas seulement pour le revenu d’intégration

Pour avoir un aperçu de la situation réelle, il faut observer qu’un nombre sans cesse croissant de personnes qui n’ont pas droit à un revenu d’intégration ou à une aide sociale équivalente viennent néanmoins frapper à la porte des CPAS pour demander une aide sociale complémentaire (citons en exemple : des denrées alimentaires, les frais médicaux, les frais scolaires pour les enfants, frais de chauffage, etc.). Ainsi, les CPAS voient un « nouveau public » arriver chez eux qui, sans pouvoir prétendre à un revenu d’intégration n’en ont pas moins des grandes difficultés à boucler les fins de mois : des travailleurs, des pensionnés, des jeunes étudiants, des personnes malades, des personnes handicapées, etc.

Le 22 juin 2012, le journal « L’avenir » faisait un petit sondage parmi son public et relevait que 56 % des répondants avaient peur de devoir un jour frapper à la porte d’un CPAS. Ce chiffre est corroboré par une enquête française qui montre que près de 70 % des français ont peur de devenir SDF un jour.

Ces chiffres nous montrent que c’est « Monsieur et Madame tout le monde » qui ressent la peur de l’avenir, y compris ceux qui sont actuellement dans un emploi « sûr ». Il ne fait pour nous aucun doute qu’il s’agit d’un indice d’une société qui va mal et où les perspectives d’avenir sont sombres.

Or, cet avenir qui se bouche, c’est justement à cause d’un manque de vision sociale. L’éclaircie ne peut venir que d’une politique sociale réfléchie à un niveau global.
Ce constat, aussi alarmant soit-il, ne représente pas encore toute l’étendue des problèmes. Les institutions sociales, quelles qu’elles soient, sont sous pression et, pour tenter de se donner de la marge, ont la tentation de reléguer leurs problèmes sur les CPAS, le dernier maillon du filet. Ainsi, sous les instructions du Gouvernement, voit-on un nombre de chômeurs exclu en masse arriver dans les rangs des CPAS. Pour ne prendre qu’un seul exemple parmi beaucoup d’autres, les récentes réformes relatives aux allocations de chômage, et en particulier la limitation de celles-ci dans le temps, vont exclure un nombre très impressionnant de chômeurs au 1er janvier 2015. Bon nombre de ces chômeurs vont sans aucun doute aboutir dans les rangs des CPAS sans que cela n’émeuve apparemment grand monde.

Cet exemple est révélateur de l’inattention que l’on accorde aux CPAS mais c’est également révélateur de la façon d’envisager le social en cascade. Le niveau communal étant le dernier des échelons, il subit le plus. Il y a donc urgence à débattre d’une politique sociale globale.

Les CPAS paient le prix fort, mais ce ne sont pas les seuls

Ce constat que nous faisons avec les CPAS est également celui que l’on pourrait faire avec le monde associatif, avec les syndicats, avec les mutuelles, avec les institutions sociales, avec les écoles, etc. Ce constat, c’est surtout le fait pour notre société d’envisager désormais le social comme un coût et non plus comme une obligation légale, constitutionnelle, fondatrice de notre démocratie (l’article 23 de la Constitution) et encore moins comme un investissement. De plus en plus, nous avons l’impression que le social se vit sur le mode de l’hostilité et de la concurrence. En ce sens, venir en aide aux plus démunis, à ceux qui ne sont pas « rentables », est vécu comme un retrait de moyens pour les plus productifs, ceux qui vont nous amener de la plus-value économique. D’ailleurs, ce n’est pas innocent, les institutions sociales sont désormais appelées à faire « du chiffre ». La « quantophrénie » prend le dessus et oblige les institutions et associations à fournir les preuves chiffrées de la bonne utilisation de leurs moyens. Dans cette perspective, les plus « abîmés » parmi les citoyens sont soit laissés pour compte, soit obligés de rendre visible leur bonne volonté (on voit ainsi surgir l’idée du « bénévolat obligatoire »).

Nous demandons aux prochains gouvernements de débloquer des moyens autour des politiques sociales et du soutien des structures sociales (CPAS et autres) et qui veillerait désormais à passer l’ensemble de ses décisions politiques à travers le tamis du développement social.
Nous souhaitons que ces mesures :
  • soient concrètes, objectivables et évaluables, programmées dans le temps ;
  • visent la diminution des bénéficiaires des CPAS, notamment via l’augmentation de leur insertion socioprofessionnelle ;
  • tout en créant une plus-value sur le plan de l’activité économique sociale de proximité,
  • impactent positivement les critères de calcul des dotations aux CPAS (FSAS,...), pour récompenser (et non pénaliser) les efforts entrepris ;
  • permettent de diminuer la charge de travail des travailleurs sociaux afin de renforcer l’accompagnement qualitatif individualisé qui dans un cercle vertueux améliore encore les résultats.
Voilà pourquoi nous demandons les mesures suivantes regroupées en deux axes forts.
  1. Une politique pour les citoyens : maximaliser les mesures d’insertion des personnes aidées par les CPAS tout en renforçant l’économie sociale et de proximité.
  2. Soutenir les CPAS pour leur permettre de poursuivre leurs missions fondamentales et ainsi venir en aide aux personnes qui, sans cela, ne pourrait mener une vie « conforme à la dignité humaine ».
Il s’agit là de quelques mesures fortes qu’il nous faudra adopter si nous voulons faire face au tsunami social qui nous attend.

Nous pensons qu’une société qui ne mise plus sur le lien entre ses citoyens, sur l’investissement dans ses plus jeunes et sur le soutien de ses membres les plus faibles est une société qui perd peu à peu son avenir. Aussi, revenons à l’essentiel : l’économie est là pour servir la société et non l’inverse. C’est le seul moyen pour soigner cette société malade.

Ricardo CHERENTI & Claude EMONTS

mardi 10 décembre 2013

Le Conseil de l'Action Sociale de Liège a voté une motion demandant de nouvelles mesures en faveur des CPAS

Suite au "ras-le-bol" dont je vous ai fait part il y a quelques semaines, il m'est apparu utile de proposer au Conseil de l'Action Sociale du CPAS de Liège de passer la vitesse supérieure en traçant la voie pour de nouvelles idées et actions pour nous permettre de pouvoir faire face aux défis qui s'imposeront aux CPAS dans les prochains mois.

Le CAS de Liège a voté en faveur de la motion suivante en sa séance du 5 décembre dernier* :


Motion : Pour de nouvelles mesures sociales




Les CPAS doivent faire plus (ex. : en Wallonie, à partir du 1er janvier 2015, prise en charge d'une grande partie des milliers de personnes exclues des allocations d’insertion du chômage) avec moins (stabilisation voire réduction des dotations, augmentation du coût du personnel, non indexation des subsides de personnel, diminutions de subsides, etc.)

Ces exclusions du chômage (tant antérieures qu’à venir) peuvent provoquer de véritables détresses humaines. Le Gouvernement fédéral doit respecter A LA LETTRE son engagement de compenser les surcoûts pour les CPAS de mesures liées à la réforme du chômage.

Les exclusions du chômage démontrent aussi l'éloignement considérable entre les personnes sanctionnées et le marché de l'emploi actuel.

Les CPAS souffrent en outre d'une faiblesse institutionnelle. Ils sont en effet au plus « bas» de l'échelle politique, dépendent presque totalement des décisions des autres niveaux de pouvoir (européen, fédéral, régional, communal) et n'ont pratiquement pas de marge de manœuvre pour dégager de nouvelles recettes.

Les CPAS ne pourront faire face aux futurs défis de la pauvreté que si, et seulement si, les Gouvernements prennent conscience de la réalité et de la gravité des problèmes qu’ils rencontrent en adoptant de nouvelles mesures concrètes.

Nous voulons que soient dégagés les moyens nécessaires pour faire face aux difficiles défis sociaux qui s'annoncent. Ces mesures devront réunir le niveau fédéral et les entités fédérées et préciser les étapes et les moyens nécessaires.

Nous souhaitons que ces mesures :

  1. soient concrètes, objectivables et évaluables, programmées dans le temps ;
  2. visent la diminution du nombre de bénéficiaires des CPAS, notamment via l'augmentation de leur insertion socioprofessionnelle ;
  3. tout en créant une plus-value sur le plan de l'activité économique sociale de proximité,
  4. impactent objectivement les critères de calcul des dotations aux CPAS (FSAS,...), pour encourager les efforts déjà entrepris ;
  5. permettent de diminuer la charge de travail des travailleurs sociaux afin de renforcer l'accompagnement qualitatif individualisé qui, dans un cercle vertueux, améliore encore les résultats.
Voilà pourquoi nous demandons les mesures suivantes regroupées en deux axes forts:

Une politique pour les citoyens : maximaliser les mesures d'insertion des personnes aidées par les CPAS tout en renforçant l’économie sociale et de proximité :

-        augmenter le financement de l'insertion socioprofessionnelle des personnes bénéficiant du revenu d'intégration (art. 60§7, art. 61, …) en faveur des initiatives générant une plus-value économique, essentiellement dans le cadre de l'économie sociale et des missions de proximité ;
-        généraliser les formations pré-qualifiantes dans des métiers de proximité en expansion en faveur des candidats à l'art.60§7 ;
-        généraliser l'apprentissage de la langue française pour les personnes primo-arrivantes ;
-        développer un coaching dynamique et personnalisé des jeunes bénéficiaires du RIS ;
-        favoriser l'adoption d'un travail social multidimensionnel (lutte contre le surendettement, le mal-logement, la précarité énergétique,...) ;
-       

Soutenir les CPAS pour leur permettre de poursuivre leurs missions fondamentales :

-        augmenter les moyens relatifs au personnel afin de permettre l'engagement de travailleurs sociaux proportionnellement à nos besoins pour faire face aux augmentations de bénéficiaires et éventuellement la nomination d'une partie d'entre eux ;
-        garantir le maintien des moyens d'actions dans le cadre de la régionalisation des compétences et des budgets y afférents ;
-        assurer un financement intégral des missions imposées : RIS financé jusqu'à 90 % majoré de la prise en charge des frais de personnel (comme les organismes assurant le paiement des allocations de chômage) ;
-        réexaminer les critères du Fonds spécial de l’aide sociale (FSAS) de la Wallonie ;
-        objectiver toute mission supplémentaire confiée aux CPAS à la fois en terme d'opportunité, d'efficience, de coûts de transferts, de personnel et de fonctionnement, et prévoir la compensation financière nécessaire ;
-        respecter les engagements pris de compenser les surcoûts pour les CPAS des mesures liées à la réforme du chômage ;
-        développer et soutenir les synergies entre CPAS, et entre CPAS et leurs partenaires, par la logique des métiers, essentiellement dans le domaine de l’insertion socioprofessionnelle ;
-        développer et soutenir les synergies entre communes et CPAS dans le respect de l’autonomie et des missions spécifiques de chaque entité ;
-       

* 14 vote pour, une abstention.