CARTE BLANCHE
ERIC MASSIN, Président du CPAS de Charleroi
CLAUDE EMONTS, Président du CPAS de Liège
Philippe DEFEYT, Président du CPAS de Namur
Depuis
2013, la Wallonie a pérennisé les plans hivernaux (de novembre à
mars) et a permis de garantir la récurrence des moyens octroyés aux
acteurs pour faire face aux demandes complémentaires en matière de
sans-abris.
Le
31 mars a donc marqué la fin légale de la période de grand
froid, ce que l’opinion publique retiendra de la
période 2014-2015, c’est certainement le drame humain,
survenu à Namur, avec la mort tragique d’un sans-abri.
En
tant que Présidents du CPAS des trois plus grandes villes wallonnes,
nous ne pouvons que déplorer que de tels drames se produisent encore
en 2015, mais nous déplorons, encore plus, que les politiques
actuelles n’offrent pas assez de réponses structurelles et
durables au problème du sans-abrisme.
Actuellement,
les CPAS et les Relais sociaux font le maximum de ce qu’ils peuvent
pour gérer au jour le jour les nombreuses demandes d’aides, hiver
comme été.
Créer
toujours plus de places en abri de nuit peut apparaître, pour
l’opinion publique, comme une manière de se donner bonne
conscience, en mettant simplement à l’abri un maximum de « SDF »
pendant la période de grand froid…Et après ???
Il
faut transcender la discussion sur les quotas, les nuitées et le
fonctionnement des abris de nuit et inscrire, au niveau fédéral et
wallon, la politique du sans-abrisme dans un cadre plus global de
lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Et ce, d'autant
plus que l'immense majorité des SDF (personnes sans domicile fixe)
ne sont pas des sans-abris mais sont dans une situation telle qu'ils
vivent d'expédients (un jour chez l'un, un jour chez l'autre) sans
avoir les moyens d'un vrai chez-soi. A côté de la politique de
« l’urgence sociale » et du diktat de la température,
le temps est donc venu de consacrer suffisamment de moyens financiers
publics à de véritables politiques de « remise en logement
durable » avec un accompagnement individualisé et adapté à
chaque situation. A commencer par des politiques de lutte contre la
perte du logement (notamment suite à une expulsion).
Le
projet Housing First qui vise à maintenir, la
personne fragilisée, dans un logement grâce à un accompagnement
professionnel, intensif et pluridisciplinaire, est un des exemples
les plus significatifs. Il est à généraliser dans d'autres lieux.
Mais ce n’est pas le seul… D’autres leviers existent déjà en
matière de politique du logement : le bail glissant, les
« capteurs » logement, le lissage des loyers, un fonds
des garanties locatives. Malheureusement, ils sont peu ou pas
activés. D’autres décisions peuvent être prises : création
activation du Droit au logement (DAL), lancer un projet identique à
l’expérience namuroise de pension de famille...
Une
approche globale du sans-abrisme et des SDF au sens large du terme,
favorisant la réinsertion sociale par le logement, dans la durée
grâce à des politiques d'accompagnement, est donc primordiale et
urgente. Nous le savons, une personne peut se retrouver sans domicile
pour de multiples raisons : perte de logement, perte de revenu,
divorce, problème de santé mentale… Cependant, la politique du
risque zéro n’existe pas.
Il
convient donc de s’attaquer à toutes ces causes pour augmenter les
chances des personnes de retrouver le chemin de la dignité. Pour y
parvenir, il est indispensable de créer les ponts entre les
politiques ponctuelles et structurelles et surtout intensifier ces
dernières. C’est ce difficile travail d’équilibriste que
doivent mener les pouvoirs publics afin que plus jamais la rue
n’enlève la vie.
Demain,
la priorité et un maximum de moyens disponibles doivent donc passer
d’un « LIT POUR TOUS » à un « LOGEMENT POUR
TOUS ».
En outre, le territoire de la pauvreté ne correspondant pas à celui d'une seule
commune, et ce quelle que soit sa taille, il est impératif que la politique de
lutte contre la grande exclusion - et donc celle du PGF - soit élargie aux
commune de chaque périphérie des grandes villes
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