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A force de trop parler de crise, d'équilibre budgétaire et d'économies, on risque d'oublier les valeurs qui sous-tendent, tant nos ayants droits, que nos travailleurs ou nos décideurs politiques. Bref ne met-on pas en péril tout notre modèle de société? Mais c'est peut-être le but de certains.

lundi 5 janvier 2015

Les tares des CPAS

Il m’est souvent arrivé d’évoquer les heurts et malheurs des CPAS et, hélas, les jours et semaines qui s’annoncent ne vont pas me permettre de baisser la garde à ce propos.

Or, comme s’il ne suffisait pas que je sois soumis à une lourde incertitude relative à un point précis de l’évolution de l’aide sociale dans notre région (j’évoque bien entendu les exclusions/sanctions/fins de droits des chômeurs), me voici face à un tournant dont je ne suis pas certains qu’il va dans le sens de l’intérêt général.



En effet, chacun sait – ou du moins qui cherche à savoir - que le futur des CPAS en tant qu’institutions autonomes s’inscrit désormais en pointillés d’incertitudes…

Ce qui n’est en rien rassurant, c’est que divers éléments viennent contredire la sérénité que l’on voudrait ressentir quand on réfléchit à l’avenir d’une institution qui plonge ses racines dans les tréfonds de notre histoire et qui, toujours, a joué un rôle essentiel dans ce que l’être humain doté de conscience sociale considérait à chaque époque donnée comme un devoir d’humanité.

Confrontés à l’égo de trop nombreux décideurs,  et au désir d’hégémonie de certains , le CPAS se révèle en nos jours de grands calculs être un gêneur.
TONNERRE DE BREST   ! s’énervent certains, il y aurait donc sur le territoire de MA commune un endroit où je ne serais pas celui qui, seul, décide   ? Et où je n’exercerais QUE tutelle, alors que les coûts engendrés par cette institution  sont à ce point élevés   ?

Ce ne serait encore qu’un moindre mal si cette attitude tellement humaine trouvait face à elle une conscience active, prête à se battre, à argumenter, non certes pour conserver telle quelle une institution qui comme chaque œuvre humaine doit s’adapter à son temps, mais pour justement la faire évoluer dans son époque en préservant ce qui en fait l’essence et la pertinence   : la capacité de se prémunir  des tempêtes des luttes d’influence. Or, s’il est vrai que quelques voix sont audibles, elles sont surtout noyées au milieu d’une indifférence bien plus grande d’une partie des décideurs, et surtout d’une ignorance qui frappe, qui peine, voire qui fâche.
Sans compter, bien entendu, cette indicible douleur que ressentent beaucoup de ceux qui doivent franchir les portes de notre vieille maison et qui en éprouvent honte et remords, alors que l’image vieillotte qui y est attachée est très largement dépassée et que le CPAS est aujourd’hui une institution moderne au service des gens.  Il nous reste, c’est certain et souhaitable, une mission de contrôle, mais c’est loin d’être l’essentiel de notre rôle sociétal.

Il faut croire que ce sont tous ces éléments qui font que la lutte contre la pauvreté ne nourrit pas l’imagination de son décideur… ou qu’elle l'éloigne de ses préoccupations mieux en cour.

Or, il y a une évidence dont j’ai déjà souvent dénoncé l’absurdité et l’injustice sans guère d’écho enthousiaste   : le mode financement des CPAS.  Comment réagirait, par exemple, le décideur moyen si demain, la santé des plus pauvres de nos concitoyens venait à être à charge communale pour 45 ou 30%   ? 

C’est pourtant bien ce qui se passe avec le Revenu d’Intégration… Quelle est donc la logique de ce mode de financement qui, nous l’avons tous souvent dénoncé, fait payer aux communes les plus défavorisées  le coût d’une lourde partie de la pauvreté   ? Et qui, par ricochet, donne à ceux que l’existence des CPAS contrarie, un argument en or massif pour fustiger «   leurs   » dépenses…

J’ai longtemps réfléchi à cet état de choses, et à l’heure de la grande tentation d’une intégration des CPAS dans les communes (ce qui revient à faire disparaître à terme ce qui en fait l’originalité, soit l’autonomie et le huis-clos qui sont les garanties du droit des personnes qui en dépendent), je me pose une question fondamentale.

Quoi que l’on fasse, tant que l’inique financement du Revenu d’intégration sera ce qu’il est aujourd’hui, le déficit sera inévitable à moins d’une très utopique et magique suppression de tout ou partie de la pauvreté. Et donc demain, si le CPAS est intégré à la commune, ce sera cette dernière qui en direct devra gérer le trou béant dont aujourd’hui elle se plaint si amèrement.

Je me pose dès lors la question de l’assiette fiscale sur laquelle doit reposer la solidarité, ou à tout le moins la politique visant au colmatage des trous les plus voyants du consensus social.   Sachant que les centres villes attirent toujours et partout la pauvreté, entre mille autres choses, je me demande   s'il est juste et tenable que le centre paie en partie ce que la périphérie ne veut pas et ne paie pas. »    Ne devrions-nous pas réfléchir à une assiette fiscale plus large, qui au minimum, aurait la taille d’un arrondissement ou d’une province, avec les conséquences institutionnelle que cela impliquerait   ?

Oh, certes, j’entends déjà tous les municipalistes hurler. Pour en être un moi-même, je ne pose pas cette question de gaieté de cœur et préférerais d’ailleurs une évolution du problème plus conforme à nos habitudes*… Mais enfin, entre d’une part une solution en faux-semblant qui ne résoudra rien sur le long terme, mais détruira au contraire un acquis  essentiel, et d’autre-part une prise de conscience de l’iniquité d’un système et des conclusions qu’il convient d’en tirer, n'avons-nous pas simplement le DROIT de  poser la question et de  la mettre en débat   ?

Un CPAS logé ailleurs qu’au niveau communal, financé autrement, mais gardant bien entendu un ancrage local, commune par commune, ne serait-il pas plus juste et donc plus efficace   ?

Claude Emonts.
Président du CPAS de Liège.


*C'est-à-dire  un CPAS autonome dans une synergie bien comprise avec la commune, à savoir un regroupement des services supports dans ce qu’ils ont de commun et en respectant bien les particularités des différents métiers. C'est-à-dire  aussi  le respect du principe  du décideur-payeur, selon lequel celui  qui vote les lois supporte les conséquences financières qu’elles engendrent.

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