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A force de trop parler de crise, d'équilibre budgétaire et d'économies, on risque d'oublier les valeurs qui sous-tendent, tant nos ayants droits, que nos travailleurs ou nos décideurs politiques. Bref ne met-on pas en péril tout notre modèle de société? Mais c'est peut-être le but de certains.

jeudi 18 septembre 2014

Pour info et invitation à la réflexion : les fausses bonnes idées de la déclaration de politique régionale wallonne

Les (fausses) bonnes idées de la DPR


Par Christophe ERNOTTE

Nous avons tous découvert le contenu de la nouvelle déclaration de politique régionale (DPR). Parfois avec satisfaction, parfois avec stupéfaction, parfois avec un sentiment de trahison et de non-sens. Certes, nous savons tous (et il faudra y travailler) que des économies s’imposent vu le cadre budgétaire général pour les années à venir, et certainement pour 2015 et 2016 C’est donc dans cet environnement que l’on peut se montrer satisfait de découvrir, dans cette DPR, que la nouvelle majorité souhaite, dans divers domaines, soutenir et renforcer l’action des CPAS1. On peut comprendre qu’il faille gérer au mieux les deniers publics, voire rationaliser.

En ce sens, l’encouragement aux synergies entre communes et CPAS sur des services « supports » a du sens et doit être évidemment soutenu. Mais la stupéfaction tend à apparaître quand on recommande un directeur général (DG) unique pour la commune et le CPAS. Les DG de CPAS n’auraient-ils rien à faire aujourd’hui ? Si c’est pour fusionner et désigner après, vu la charge de travail, un DG adjoint au DG communal, on expliquera l’intérêt du bouleversement… Ou réduire le CPAS à un seul comité spécial de l’action sociale logé à la commune, c’est injurieux !

Mais surtout un sentiment de trahison et de non-sens quand il s’agit d’encourager la fusion entre commune et CPAS.

Pourquoi ? D’une part, une trahison parce que ce n’est pas ce que nous ont dit le PS et le CDH lors de notre Assemblée générale. Ces idées excessives de la DPR ne sont pas contenues dans le programme du PS. Et cela va beaucoup plus loin que ce qu’annonce le CDH dans son programme6. Étonnant et intellectuellement malhonnête pour deux partis qui défendent les valeurs suivantes :
  • pour l’un : « Toute la dynamique socialiste repose sur une volonté : celle de construire une société plus juste et plus humaine, où l'intérêt général prime sur les intérêts individualistes » ;
  • pour l’autre : « Le développement humain nécessite de mettre notre économie au service de chacun femme, homme, jeune, enfant, aîné et de favoriser toutes les activités qui améliorent véritablement la qualité de vie ».
Il faut rappeler que ces idées excessives sont dans le programme du MR. Nous ne savions pas que former une majorité et écrire un programme de législature revenait à mettre en oeuvre des idées d’un autre parti… Il est évident que l’électeur, le citoyen ne se rapprochera pas de la politique avec ces comportements incohérents et incompréhensibles.

D’autre part, un non-sens.

Pourquoi ? On peut comprendre qu’une commune de 3.000 habitants manque de moyens et de capacité d’action, comme son CPAS. Par rapport à une grande ville ou une commune moyenne, 3 000 habitants représentent parfois un quartier, mais c’est être naïf de penser qu’en fusionnant les deux on va améliorer les moyens et la capacité d’action. On gagnera peut-être quelques jetons de présence pour les mandataires. Quoique…

On va surtout détruire l’action sociale d’une institution, sa spécificité, la qualité de la prise en charge de nos citoyens en difficulté et en souffrance. Or ce travail particulier, qui demande un cadre spécifique, un fonctionnement adapté, des métiers précis, doit être préservé. Ne pas le comprendre est la preuve de la méconnaissance de ce qui se fait et, manifestement, une volonté de ne pas voir et reconnaître l’effectivité des résultats obtenus.

Certes, la question n’est pas de défendre l’institution pour l’institution ni s’assurer de sa soi-disant autonomie (qui n’est dans les faits que très théorique vu la pauvreté des moyens en regard des missions) pour sa soi-disant - mais néanmoins jalousée - indépendance, ni s’accrocher à la spécificité de l’action sociale comme s’il s’agissait de « chapelles ». Non, cela serait sans intérêt et donc bien réducteur.

La question est plutôt que ces positions de la DPR risquent de vraiment mettre en péril la qualité de l’aide apportée à tous ceux et celles (dont peut-être un jour chacun de nous) qui sont contraints, pour diverses raisons, de frapper à la porte du CPAS et qui y trouvent un aide réelle, un nouvel espoir, un moteur de résilience, un tremplin, une aide de service public. Mettre cela en péril, c’est prendre le risque de porter atteinte à un des plus importants piliers de notre cohésion sociale. C’est mettre en danger cette dignité humaine de la loi organique coulée dans notre Constitution. La balance des intérêts me laisse penser que cela ne vaut pas la chandelle. D’autant plus que ces intentions sont aussi alimentées, parfois, par de ridicules soifs de pouvoir.

« Par ailleurs, les CPAS doivent rester les fers de lance de la politique publique sociale locale et être désignés en tant que coordinateurs du Plan de lutte contre la pauvreté. Ce sont en effet les seuls acteurs institutionnels publics qui jouissent de deux qualités originales : ils prodiguent une aide individualisée et de proximité. Devant faire  face à des besoins croissants et très divers, les CPAS doivent être continuellement renforcés afin de rencontrer au mieux les besoins de leurs usagers, pour les sortir réellement de la pauvreté et leur procurer une autonomie sociale et économique ». Ce texte voit juste et est volontariste. Il figure dans la déclaration gouvernementale de la majorité… bruxelloise ! Qui allie aussi PS et CDH avec le FDF. On aurait aimé le voir dans celui du Sud du pays ! Il est encore temps pour qu’il inspire le nouveau Gouvernement wallon.

Alors :
-          soyons plus que jamais professionnels et rigoureux au sein de nos CPAS, et ce surtout pour nos citoyens ;
-          veillons à gérer, comme c’est déjà le cas, avec rationalité et économie ;
-          veillons à mettre en oeuvre les bonnes idées de la DPR ;
-          travaillons, avec une ardeur plus forte encore, aux synergies entre CPAS9, dont on connaît l’efficacité (preuve à l’appui avec de nombreuses associations chapitre XII, clusters, conventions de collaboration…) ;
-          mais combattons avec pugnacité (dont on manque trop souvent) les fausses bonnes idées de la DPR.

La dignité humaine l’exige.


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